Abstract | Au début de l’année 2019, la classe Technologie et société de l’Académie royale de Belgique a suivi la proposition de son directeur d’orienter principalement ses travaux, durant deux ans, sur le thème de la Transition vers un futur désirable. Personne à ce moment n’imaginait que nous allions vivre une crise de l’ampleur de celle que nous traversons. La pandémie révèle le manque de résilience du monde dans lequel nous vivons ; elle en souligne particulièrement la complexité tout comme les interactions multiples qui lient les douze domaines que la classe avait souhaité aborder dans sa démarche. Si la santé est concernée au premier chef par la crise sanitaire, le monde de l’entreprise et du travail n’a pas manqué d’être directement impacté. Notre modèle économique et financier a été interpelé et la nécessité fut relevée de disposer d’infrastructures de bon niveau de même que d’une gouvernance capable de faire face à des situations critiques qui peuvent générer des risques touchant à la paix et à la sécurité. Il est aussi apparu combien les valeurs de solidarité, de civisme et de cohésion sociale retrouvent toute leur importance, tandis que la nécessité des connaissances scientifiques et de l’expertise est mise en exergue. Les technologies disruptives (en particulier le numérique) nous offrent la possibilité de garder le contact, tout en suscitant parfois de sérieux problèmes de respect de la vie privée et des droits humains. Notre système d’éducation s’en trouve lourdement perturbé et l’impact sur l’environnement et le climat est tangible tandis que la nature retrouve (un peu) ses droits (ressources naturelles). Or, dès avant l’apparition de la pandémie, un large consensus s’était dégagé au sein du monde politique et économique ainsi que dans la population des pays européens sur la nécessité de réagir énergiquement face à la crise climatique de plus en plus manifeste, qui menace l’humanité à l’horizon d’une génération. Aussi, a fortiori, le redémarrage de l’économie mondiale au lendemain d’un lock-down sanitaire ne peut-il faire l’impasse sur la prise en compte du changement climatique et de ses conséquences sociales, potentiellement beaucoup plus graves encore que celles causées par la pandémie elle-même. Face à un défi aussi colossal, les Académies ne peuvent se contenter de poursuivre quiètement leurs activités comme par le passé. La classe Technologie et société de l’Académie royale de Belgique, en particulier, se doit d’apporter une contribution, même modeste, à la réflexion générale nécessaire à l’éveil de la conscience des citoyens et dont nos dirigeants devraient pouvoir se nourrir afin de prendre les décisions qui s’imposent. Cette problématique, dont il serait naïf de ré- duire le niveau de grande complexité, est promue à un intérêt croissant, car au cœur d’un développement harmonieux des sociétés. Si l’innovation technologique ne peut seule prétendre résoudre les problèmes auxquels le monde est confronté, elle devrait en effet être en mesure d’apporter des réponses efficaces qui, sans cesse, seront pourtant confrontées à la question de la transparence des procédures de recherche et à la publicité des résultats. Dans ce débat, l’Union européenne et ses États membres, dans leurs champs d’action respectifs, auront à intervenir et à se choisir une ligne de conduite, responsable et soucieuse du bien commun.
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